À partir de 12 mois, plusieurs sociétés savantes recommandent de limiter, voire de supprimer progressivement l’usage du biberon. Pourtant, selon l’Assurance maladie, près d’un enfant sur deux en France continue à boire au biberon bien au-delà de cet âge. Les recommandations officielles s’opposent donc fréquemment aux habitudes familiales.
La question ne se résume pas à une simple histoire de préférence : maintien du biberon et développement bucco-dentaire, risques nutritionnels, enjeux d’autonomie, autant de facteurs à prendre en compte pour faire un choix éclairé.
Le biberon : un repère dans la vie de bébé
Pour une grande majorité d’enfants, le biberon n’est pas un simple outil : il s’impose comme un pivot du quotidien, tissé d’habitudes et de réconfort. Associé au lait maternel ou infantile, il incarne la présence bienveillante des parents. Dès les premiers jours, ce geste régulier rythme les repas, structure l’emploi du temps du tout-petit et calme bien des inquiétudes nocturnes. Ce lien, hérité de l’allaitement, dépasse largement la seule question de nutrition.
Le biberon du soir garde une place à part. Il ponctue la journée, prépare l’enfant au sommeil et rassure avant la séparation de la nuit. La texture du lait, la position dans les bras, ce rituel partagé créent une bulle apaisante. Pour certains enfants, c’est un point d’ancrage affectif ; pour d’autres, un signal qu’il est temps de rejoindre le monde des rêves. Ces habitudes varient d’une famille à l’autre, mais elles restent profondément ancrées dans l’intimité de la petite enfance.
Voici ce que le biberon représente souvent pour l’enfant et sa famille :
- Un véritable refuge émotionnel, source de réconfort immédiat
- Un aliment de base : lait maternel ou infantile, indispensable en début de vie
- Un temps privilégié, notamment lors du rituel du soir, entre parents et enfant
Changer de mode d’alimentation, quitter le biberon, ne se fait jamais à la légère. La dimension émotionnelle, parfois négligée, compte autant pour le parent que pour le petit. Les expériences alimentaires marquantes sont rares à cet âge, et le biberon tient la corde. S’il s’accroche à la routine, c’est bien parce qu’il pèse plus lourd que le simple apport nutritionnel.
À quel âge est-il conseillé de dire adieu au biberon ?
Déterminer le bon âge pour arrêter le biberon suscite souvent discussions et hésitations, aussi bien chez les parents que parmi les spécialistes de la petite enfance. Les sociétés de pédiatrie situent la bascule autour de douze mois. Il ne s’agit pas d’une frontière franche, mais plutôt du moment où la diversification alimentaire s’intensifie et où l’enfant découvre le verre ou la tasse à bec.
Entre 12 et 18 mois, la plupart des enfants sont capables de délaisser progressivement le biberon. Le sujet ne se limite pas à la quantité de lait infantile consommée : c’est aussi une question d’autonomie, et de prévention des éventuels soucis de dentition liés à l’usage prolongé de la tétine.
Pour accompagner cette étape, plusieurs points de repère peuvent servir :
- Opter pour un sevrage progressif : proposer le lait dans une tasse adaptée, étape par étape
- Observer le rythme de l’enfant : chaque famille avance à son allure, certains enfants souhaitent plus de temps pour changer d’habitude
- Encourager chaque essai, sans transformer le repas en épreuve
Passer du biberon à la tasse ou au verre s’inscrit dans tout le processus de sevrage. Ce changement suit le rythme de chaque famille, en fonction de la maturité du petit et du contexte affectif. Peu à peu, la quantité de lait diminue au profit d’aliments plus variés, adaptés à l’évolution de l’enfant.
Pourquoi l’arrêt du biberon est une étape importante pour l’enfant
L’arrêt du biberon dépasse la simple question du récipient. C’est une étape clé dans le parcours alimentaire de l’enfant. Avec ce changement, il s’ouvre à de nouvelles façons d’aborder le repas et élargit sa palette de goûts et de textures.
Dire au revoir au biberon, c’est aussi solliciter la motricité fine et encourager la coordination main-bouche. Boire à la tasse, c’est apprendre à doser, à gérer de petits débordements, à mastiquer. La bouche gagne en tonicité, la langue s’active différemment : tout cela prépare à la découverte de nouveaux aliments et à un développement oral plus complet.
Voici quelques bénéfices concrets à cette étape :
- Ouverture à de nouveaux goûts : la diversification devient plus naturelle, la curiosité s’éveille au fil des découvertes
- Meilleur équilibre alimentaire : moins de place pour le lait, plus pour les nutriments variés, nécessaires à la croissance
- Autonomie encouragée : manipuler un verre, choisir ce que l’on veut boire, s’intégrer aux repas partagés, tout cela forge le rapport à l’alimentation
Le repas de votre enfant prend dès lors une nouvelle dimension. Quitter le biberon, c’est avancer vers l’autonomie et la diversité, étape après étape, dans le respect du rythme de chacun.
Accompagner la transition : quelles alternatives et astuces pour les parents ?
La sortie du biberon se construit petit à petit. Tous les enfants n’adoptent pas d’emblée le verre ou la tasse : certains se montrent curieux très tôt, d’autres tiennent à leur rituel du soir plus longtemps. Les professionnels conseillent d’introduire ces nouveaux contenants dès 8 ou 9 mois, en laissant l’enfant explorer à son propre rythme.
Parmi les options qui s’offrent aux familles, plusieurs alternatives méritent d’être testées :
- Gourdes souples, gobelets à bec, tasses à anses : proposer différents formats, laisser l’enfant toucher, essayer, faire son choix
- Faire du verre un objet du quotidien pendant les repas familiaux, sans insister
- Préférer des tasses solides, faciles à prendre en main
- Servir de petites quantités pour limiter les maladresses et valoriser les réussites
- Conserver un repas du soir apaisant et propice à l’échange, même sans biberon
La clé tient dans la constance et l’accompagnement bienveillant. Le lait infantile peut se présenter autrement : en bouillie, en dessert, pour maintenir l’apport nutritionnel tout en variant les sensations. La posture des parents compte énormément. Leur confiance et leur patience facilitent l’apprentissage, influencent la façon dont le bébé s’approprie ses nouvelles compétences. Cette période, marquée de tâtonnements et de progrès, ouvre la porte à de nouveaux rituels et à une autonomie grandissante. La page du biberon se tourne, mais c’est tout un univers à explorer qui s’offre à l’enfant.


